Ostrea vitæ

Ces photographies sont à lire comme des points d'ancrage, des points à situer dans le paysage organisés selon une cartographie personnelle.
Le travail s'est constitué comme une succession de retours au pays, échelonnés au début des années 2000. Des marches cadencées suivent une navigation aléatoire dans un temps déterminé par le rythme que s'approprient les ostréiculteurs pour travailler à marée basse. Tension transitoire d'un visible momentané qui n'est réel que pour créer ce territoire réinventé d'une marée à l'autre.
Des hommes, en absence de l'image, s'inscrivent dans l'histoire du lieu par des témoignages, des récits qui ont été la trame et la raison de cette série.
Ces allers et retours m'ont également permis de revisiter cette géographie à la fois comme espace référent et comme espace hérité, prétexte à partager des expériences différentes.
En revenant sur ces terres découvertes comme instance d'une histoire propre au bassin d'Arcachon, il fallait partir d'un centre - ici, une île - afin de percevoir les limites des terres et l'état de configurations spécifiques. Il ne s'agit donc pas de faire un inventaire mais, pas à pas, faire émerger des situations localisées, "s'orienter dans la mémoire".
C'est à partir de ce travail que s'est développée l'approche des paysages de proximité comme réflexion - une façon de voir le monde depuis notre hauteur - qui répertorie des parcours quasi uniques puisque leur évolution est une marche irréversible vers une intervisibilité à saisir car jamais identique, donc étouffée ou vouée à disparaître. (cf. Disparition et Paysage/paisatge)
Si les images sont silencieuses, c'est à l'égal des zones lacustres, figures intermédiaires qui me réfléchissent, qui me contactent et que l'eau va engloutir, images en négatif faites à la manière des amateurs, qui aiment, en se précipitant dans l'infini.
Tout un langage se transmet sur ces terres découvertes, les tatchs, une manière de faire passation par l'expérimentation d'une transmission.
Dans mes recherches, ce dispositif d'échanges se retrouve souvent confronté à un territoire non seulement physique mais relationnel à travers des expériences communes : dans les entretiens (cf. Ostrea vitæ/Conversation avec une femme) ou dans les dialogues en images réalisés en duo avec ma fille (cf. Itinéraires paysagers).